Certificat individuel : 2014, objectif pour tous
De tous les sujets traités en formation continue, le certificat individuel est celui qui a le plus mobilisé les acteurs du monde agricole depuis deux à trois ans. Après la formation des exploitants, celle des salariés s'organise...
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Le certificat individuel devient peu à peu obligatoire pour tous les utilisateurs et prescripteurs de produits phytosanitaires : agriculteurs, coopératives et collectivités locales, qu'ils soient décideurs (chefs d'entreprise, entrepreneurs individuels...) ou salariés (ouvriers, employés, techniciens, cadres...). Ce, quelle que soit leur activité : acheter, utiliser/appliquer, conseiller à l'utilisation, distribuer à titre gratuit, vendre (aux professionnels ou au grand public), faire des recherches ou des expérimentations.
Le Grenelle de l'environnement et le plan Écophyto 2018 (1) engagent tous ces professionnels de l'agriculture à plus de responsabilisation et à modifier leurs pratiques. Objectif : 800 000 utilisateurs et prescripteurs détenteurs du certificat national individuel d'aptitude (ex-Certiphyto), dans les délais impartis. Chacun est incité à s'engager dans de bonnes pratiques afin de prévenir les risques pour la santé en sécurisant l'usage et la manipulation des produits phytopharmaceutiques (insecticides, fongicides, herbicides) ; raisonner et optimiser l'utilisation des pesticides en évitant le recours systématique, et réduire les résidus dans l'eau, l'air, le sol, les aliments ; connaître la réglementation et savoir conseiller... zones agricoles et zones non agricoles (ZNA), telles que les parcs et jardins publics, sont concernées.
Pour atteindre ces objectifs, et sous l'impulsion de la législation, la formation s'organise depuis septembre 2010 (2) et les obligations réglementaires se précisent. Il existe neuf certificats au total, selon trois activités (utilisation, vente, conseil) et selon les publics et les fonctions (décideurs, opérateurs ou applicateurs)... Pour les professionnels exerçant pour leur propre compte (exploitations agricoles, forestiers), le certificat doit être obtenu avant le 1er octobre 2014 et reste valable dix ans. Pour les professionnels réalisant des traitements pour le compte de tiers (aménagements, jardins et espaces verts, prestataires de services, jardineries, distribution) ou actifs dans le négoce ou le conseil, le certificat individuel est une condition pour la demande d'agrément de l'entreprise. Il doit être obtenu avant le 1er octobre 2013 et reste valable cinq ans. À noter : la formation des personnels s'ajoute à l'agrément obligatoire lié à l'autorisation d'activité (certification de l'entreprise). Le Dapa (certificat de qualification des distributeurs et applicateurs de pesticides à usages agricoles et assimilés) n'est plus délivré depuis le 1er janvier 2012. Les Dapa obtenus avant cette date sont assimilés au certificat individuel jusqu'à leur date de validité.
Les deux temps de la formation
L'offre de formation explose depuis environ deux ans. Des formations préparatoires courtes se sont mises en place pour mettre à jour, consolider, adapter et valider les connaissances et les compétences des professionnels. Elles abordent surtout les situations d'exposition aux produits, les mesures de prévention, l'alerte (premiers secours), le devenir des phytos et la limitation de leur dispersion dans l'environnement, les alternatives (dont les produits de biocontrôle). Les directions régionales de l'agriculture (Draaf) renseignent sur l'offre en région (sur Internet, taper Draaf + nom de la région + certificat individuel, ou Daaf + nom du département d'outre-mer + certificat individuel). Et les services formation des chambres d'agriculture peuvent informer, voire proposer des sessions.
Les organismes de financement de la formation continue sont particulièrement engagés et prennent en charge le coût des formations pour leurs contributeurs : Vivea, pour les chefs d'entreprise agricole, et Fafsea, pour les salariés. Dès le départ, Vivea a opté pour une formation gratuite et l'implication a été forte de la part du ministère et des organisations agricoles pour en assurer le succès. Déjà, 130 000 agriculteurs ont été formés. Des vidéos témoignages ont été diffusées via les conseillers et mises en ligne témoignant de la prise de conscience sur les questions de santé. Et le 19 avril dernier, un atelier Vivea a mobilisé des experts autour du thème « Conjuguer performance économique et environnementale ».
Autre grande étape : la formation des salariés. Un « gros dossier » qui démarre en 2012 pour le Fafsea. Objectif : former 30 000 à 40 000 personnes sur trois ans, pour la catégorie « opérateurs ». En mars dernier, le lancement de formations collectives interentreprises a été annoncé pour les adhérents dont les salariés sont soumis à l'obligation d'obtenir le certificat pour l'utilisation professionnelle des phytos. La phase expérimentale démarre et les dossiers d'appel à proposition, pour les centres de formation labellisés, sont à retirer auprès de chacune des délégations régionales.
Pour les vendeurs-conseils du secteur jardinerie, la Fédération nationale des métiers de la jardinerie (FNMJ) et le Fafsea ont mis en place en 2010 un certificat individuel accessible « à distance » depuis le lieu de travail, avec les outils du elearning et une hot-line, en autonomie ou en lien avec un formateur. Le contenu des 16 heures de formation reste classique, pas la méthode. D'abord développée dans le Nord-Pas-de-Calais, elle a concerné, en un peu plus d'une année, plus de 1 231 personnes travaillant dans quelque 230 magasins, avec 93,5 % de réussite au certificat (3). Aurélien Noyer, chef de rayon produits de jardin chez Truffaut à Longueau (80), déjà titulaire du Dapa depuis 2000, devait passer le Certiphyto pour pouvoir continuer à gérer son rayon. « Comme la formation pouvait être réalisée en e-learning, je l'ai suivie en quelques jours sur mon temps de travail, en profitant du creux d'activité de l'automne dans nos magasins. Pour moi, il s'agissait surtout d'un rappel, mais cela m'a permis de mettre à jour mes connaissances (comme les nouveaux pictogrammes). J'ai apprécié les QCM (questionnaire à choix multiple) en ligne : ils m'ont aidé à obtenir le Certiphyto du premier coup », témoigne-t-il dans Fafsea Infos (4).
Des Fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles (Fredon), souvent en lien avec des centres de formation continue, ont signé des conventions de partenariat. Par exemple, la Fredon et le réseau des sept CFA-CFPPA des Pays de la Loire, le 23 février dernier : ils ont choisi le certificat individuel pour leur premier chantier collaboratif.
Au niveau des Maisons familiales rurales (MFR), « la demande a explosé, sans communication », constate Odile Dejean, présidente de la MFR d'Escatalens (82). « Pas moins de 600 personnes ont, par exemple, été formées en 44 stages rien que pour Midi-Pyrénées. Les participants apprécient particulièrement les moments d'échanges sur leurs pratiques. Ce sujet nous amène à nous interroger sur la place des MFR et l'organisation à mettre en oeuvre pour répondre aux besoins de formation tout au long de la vie. Pour le certificat individuel, nous avons déposé un dossier d'agrément par région. Une façon de mutualiser notre offre entre les MFR locales qui se répartissent les différentes catégories (décideurs, opérateurs, collectivités, vendeurs...) et de proposer une réponse pour mieux jouer sur la proximité territoriale. »
De nombreuses écoles et centres de formation, assurant de la formation continue, proposent eux aussi le certificat individuel (voir l'agenda des formations en page 14).
Et pour l'avenir ?
À l'issue de leur formation préparatoire au certificat individuel, 70 % des agriculteurs (chefs d'exploitation) ont affirmé envisager de suivre d'autres formations complémentaires, malgré leurs réticences de départ. Leurs attentes exprimées : les méthodes alternatives à la lutte chimique, le raisonnement des traitements ou encore la meilleure maîtrise de l'agronomie des sols. À expiration des certificats, des formations de renouvellement, sur 2 à 3 jours selon les publics, aborderont l'évolution de la réglementation, les risques, la prévention, les préconisations... Un contenu qui sera précisé par les arrêtés officiels à paraître. Pour l'heure, il est encore un peu tôt pour dire si les formations suivies ont modifié sensiblement les pratiques. En revanche, l'engouement qu'elles ont suscité a surpris. Une prise de conscience est manifeste, notamment sur la mesure des risques.
Odile Maillard
(1) Déclinaison française d'une politique de l'Union européenne. (2) Parallèlement aux bulletins de surveillance du végétal (BSV) et au développement de fermes pilotes, les fermes Dephy. (3) Source Fafsea. (4) Fafsea Infos n° 97 de juillet-septembre 2011.
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